Samedi 19 décembre, nous nous sommes rendus à Berne (la manif prévue a été annulée mais je voulais quand même dire bonjour) et devant le café Egger Bier de la Place fédérale, j’ai commis un crime suprême… j’ai fait la bise à un ami.

Aussitôt, deux policiers masqués m’interpellent vigoureusement, et deux autres se placent autour de moi, en m’isolant ainsi des personnes présentes. L’un d’eux me parle en Allemand mais je ne spreinchen pas Deutsch alors hum, problème. Il va chercher un collègue en noir, arnaché en Robocop, qui parle Français. Mais il transpire, il est pas bien derrière son masque. Peut-être le manque d’oxygène.

Il demande mes papiers d’identité, raison invoquée : non port du masque. Je lui présente mon certificat médical. Il veut le prendre en photo. Moi pas d’accord, c’est un document privé, et le secret médical alors ?…

Il me rétorque que c’est peut-être un faux. Un faux, et puis quoi encore ? J’accepte qu’il le photographie, il m’a eue par les sentiments le bougre.

Je lui repose la question : pourquoi me demandez-vous mes papiers ?

Il hésite, balbutie…

Puis me dit : « vous faites la manifestation ».

Moi : Non Monsieur, je ne fais pas de manifestation, je ne suis pas sur la place fédérale et je suis avec quelques amis. Il n’y a pas de manifestation.

Voyant que ses accusations ne tiennent pas la route, il me sort : « non respect de la distanciation de 1m50 et manifestation car vous êtes plus que 15 personnes ! »

Wow, on nage en pleine science fiction…

Dommage, je n’ai pas ma carte d’identité. Il me demande de décliner mes coordonnées, et me dit une dizaine de fois en suant et en tremblant (peut-être croit-il que je ne l’ai pas entendu les 9 fois précédentes ?) qu’il me dénonce au Ministère public ! Et que je dois quitter Berne pour 48h, heu non, il se ravise, jusqu’à minuit. Le pauvre, il semble stressé. Et il ajoute que je recevrai une amende. De combien ? Il n’en sait rien.

Après avoir refusé une enveloppe avec une initiative pour la Liberté et l’Intégrité, parmi celles que j’ai reçues en cadeau (nouvelle initiative populaire lancée le 1er décembre), il en veut finalement une. Va-t-il prétendre que je les distribuais ?….

Après 15 minutes, les 4 donneurs d’ordres payés par nos impôts me lâchent et s’éloignent, refont le même cirque avec d’autres personnes après moi.

Je m’éloigne. Le reste de la journée me sera expliquée par des amis qui sont restés sur place.

À partir de là, les policiers montent en puissance. Ils font un front sur la place fédérale, avec des fusils bien visibles. Face à des passants qui passent. Qu’est-ce qui leur prend ?

Puis ils bousculent des gens au hasard, qui sont assis au bistrot en train de siroter des tisanes, en prennent certains par les épaules et les secouent. Poussent des tables.

Et puis plus tard, les policiers bloquent une ruelle, empêchant une vingtaine de personnes de sortir de la nasse. On se croirait à Paris en manif de Gilets jaunes. Incompréhensible. On est bien en Suisse ?….

Un policier s’empare d’une dame, sans raison apparente. Elle se débat et crie. Ils l’embarquent devant son mari et son fils. Un cauchemar.

La Suisse est-elle en train de virer à l’Etat policier, comme en France ?

Epilogue (mise à jour le 16.08.22) :

Je reçus une amende de 410 CHF 6 mois plus tard, à laquelle je fis opposition. Puis cette amende me fut renvoyée encore 6 mois plus tard (15 novembre 2021), avec 50 balles en sus, dans un courrier tout en swiss-deutsch. Je m’acquitta bêtement de ces 410 francs illégitimement réclamés, en laissant de côté les 50 balles d’origine inconnue.

6 mois plus tard (le 8.06.22), un papier avec bulletin de versement toujours en allemand intégral m’est envoyé, que je classe dans les papiers à traiter (un jour). Et 2 mois plus tard, le 10.08.22, je reçois un papier jaune de la Poste m’invitant à retirer un avis de poursuite de… 50 balles ! Je retire l’avis, me rend à l’Office des poursuites de Genève, dans la fenêtre de tir rare mais étroite, d’ouverture dudit Office de l’Etat. Et là, ce n’est pas 50 francs qui me sont réclamés mais 70 (50 + 15 francs pour les frais de poursuites [pour le timbre et l’enveloppe ?] + 5 francs de frais d’encaissement [ça fait cher la mise en caisse]). Mais l’histoire ne s’arrête pas là. La poursuite est toujours inscrite à mon nom, même si je l’ai payée (avec les intérêts). Pour la faire disparaître de mon « casier », il faut que le Ministère public bernois, responsable de cette amende carabinée, daigne radier la poursuite une fois payée. Je dois appeler un numéro (attention à la fenêtre de tir toujours aussi mince : mardi entre 13h et 15h) où une dame parlant à peine le Français me dit qu’il me faut payer 50 francs de plus pour que la poursuite soit effacée et que mon « casier » redevienne vierge. Une facture me sera envoyée par la poste. On comprend pourquoi l’Etat suisse est riche !

Je lui demande comment savoir la raison de ces amendes à tiroirs et comment réaffirmer mon opposition et demander un remboursement, on passera par la case Tribunal s’il le faut.  Elle me donne un autre numéro, celui du Ministère public, que j’appelle. Un jeune homme ne sachant pas parler mieux le Français qu’elle me dit que ces 410 + 50 balles sont une amende pour participation à une manifestation le 19 décembre (or je rappelle que je n’en étais pas), et que pour confirmer l’opposition, la personne ad hoc n’est pas là aujourd’hui, elle m’appellera un autre jour. 

Cette bise à Berne le 19 décembre m’aura coûté pour l’instant 530 francs suisses (+ le billet de train) et beaucoup de temps que j’aurais préféré passer à faire des recherches .. un peu plus utiles… Vive la Suisse ! Et à suivre.

Il est urgent de télécharger et de (faire) signer le RÉFÉRENDUM contre la loi antiterroriste !
[On doit récolter et envoyer les signatures avant le 14 janvier]

Et de (faire) signer l’INITIATIVE POPULAIRE lancée le 1er décembre 2020 (que j’avais dans la main)

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