L’Etat veut la faire taire

L’Etat de Genève m’a licenciée après 16 ans de bons et loyaux services, pour des raisons politiques sans lien avec la qualité de mon enseignement ou mon comportement professionnel (le rapport d’enquête de 47 pages du 5 avril 2022 en atteste). Il est même mentionné en fin du rapport d’enquête « les avis unanimes positifs sur la qualité de l’enseignement donné par Madame Frammery », « l’engagement de celle-ci au sein du groupe de mathématiques », « l’inégalité de traitement » entre Madame Frammery et « les membres du corps enseignant genevois ayant exprimé publiquement leurs idées politiques ».

Récapitulons. Le 2 décembre 2019 a débuté une campagne de mise à l’écart  et d’intimidation de la part de mon employeur, le DIP (Département de l’instruction publique, l’équivalent de l’Education Nationale), sur la base d’un courrier de la CICAD (Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation) envoyé à la Conseillère d’Etat en charge du DIP après ma vidéo sur la création monétaire avec Dieudonné. Dans ce courrier, la CICAD prétend que je serais « à l’origine de la tentative d’importation sur le territoire suisse du mouvement des giles jaunes français » et ajoute « nous pensons qu’il est tout de même perturbant qu’une fonctionnaire de l’Etat s’affiche de la sorte avec un tel personnage », en faisant allusion à Dieudonné.

J’ai ainsi été convoquée à un premier entretien de service en janvier 2020, par mon directeur du Cycle d’orientation de Sécheron (Genève), qui m’a convoquée dans son bureau le 3 décembre 2019 pour me l’annoncer. Puis j’ai reçu un blâme le 6 juillet 2020 pour cette vidéo sur la création monétaire avec Dieudonné. Cela ne suffisant pas à me faire taire, j’ai été convoquée à un deuxième entretien de service le 4 février 2021, qui a débouché en mai 2021 sur une enquête administrative qui a duré 1 an, avec l’objectif affiché de l’Etat de me licencier.

Or après la convocation du 3 décembre 2019 dans le bureau du directeur, j’avais demandé un congé annuel sans solde pour l’année 2020-2021, afin de me prémunir de toute éventuelle attaque du DIP. Cette année sabbatique avait été acceptée et je n’ai ainsi plus été en contact avec l’école ni avec mes élèves entre juillet 2020 et septembre 2021. C’est pourtant à ce moment-là que le DIP a durci le ton avec moi, me poussant à me ruiner en frais d’avocat et à m’épuiser en procédures administratives.

En effet, l’Etat, appuyé par les médias et par la CICAD, s’est acharné sur moi durant cette année sabbatique : une centaine d’articles & émissions TV/Radio calomnieux ont été publiés (voir Articles pas cools) et cette enquête administrative pour « vérifier si Chloé Frammery viole ses devoirs de fonction » a démarré le 19 mai 2021.

Je n’avais pourtant commis aucune action qui puisse légitimement m’être reprochée professionnellement, ce qui a été confirmé dans le rapport d’enquête de 47 pages, rendu par la juge-enquêtrice Junod le 5 avril 2022.

Tout au long de l’enquête administrative qui a duré 1 an, avec 7 auditions de témoins qui ont duré une journée chacune, j’ai été soutenue par mes anciens élèves, par leurs parents, par mes collègues, merci à eux.

Le Conseil d’état genevois a néanmoins émis un arrêté le 22 juin 2022 à mon encontre, me signifiant mon licenciement au 30 septembre 2022.

J’ai ainsi appris vendredi 24 juin 2022 que j’étais révoquée, virée, licenciée par l’Etat de Genève. Après 1 an d’enquête administrative et 2 entretiens de service.

Pour les 9 raisons suivantes :

Chloé Frammery a :

    • porté un gilet Jaune avec un ananas flocké sur son gilet
    • évoqué la procédure du DIP en cours contre elle
    • publié le courrier du DIP du 6.12.21 destiné aux élèves 5P à 8P sur l’obligation du port du masque à l’école
    • remis en question la régularité des votations du 28 novembre 2021 sur la loi Covid-19 qui introduisait le certificat covid pour accéder aux lieux culturels, de restauration et de santé
    • évoqué le statut vaccinal de Mauro Poggia, le Conseiller d’état en charge de la santé dans le canton de Genève durant les années covid et son non-respect des gestes barrières, publié par la Tribune de Genève
    • interviewé Stan Maillaud, un alerteur sur la pédocriminalité de réseaux
    • évoqué la liberté vaccinale en vigueur en Suisse en classe, durant une séance de vaccination, en soulignant le fait que la liberté vaccinale existait en Suisse, afin que ses élèves et leurs parents disposent d’un réel libre arbitre
    • montré ses deux quenelles d’or reçues de la part de Dieudonné
    • relayé des témoignages de victimes de la Shoah, qui faisaient des comparaisons entre mesures sanitaires & mesures nazies

    Il est écrit que « La grande majorité des violations sont intervenues hors du cadre scolaire mais ça n’amoindrit en rien la gravité de celles-ci. »

    J’ai fait recours. Et ce recours a été rejeté le 28 février 2023 par la Cour de Justice de Genève (Chambre administrative). Le 5 avril 2023, j’ai décidé de faire appel auprès du Tribunal fédéral, soit 3 jours après que le Journal Le Courrier l’ait annoncé. Le Courrier a ainsi allégué que j’allais faire appel au TF 3 jours avant que je le sache moi-même … !

    Le 30 décembre 2023, j’apprends que le Tribunal fédéral a décidé de rejeter mon recours, dans un arrêt daté du 11 décembre 2023. La dernière page de l’arrêt du 11 décembre est ici.

    Mon interview pour récapituler les étapes de mon licenciement – 1.07.22

    (La plus complète de toutes)
    Radio Libre – 1.07.23
    https://radiolibre.ch/podcast/entretien-avec-chloe-frammery

    Le bilan des harcèlements institutionnels – 8.12.23

    Radio Libre – 11.12.23
    Entretien bilan et mise au point avec Chloé Frammery
    https://radiolibre.ch/podcast/entretien-bilan-et-mise-au-point-avec-chloe-frammery

    Lors de cet entretien au micro de Radio Libre, qui a été enregistré le 8 décembre 2023, j’ai fait le bilan de ces 5 mois de campagne et aussi celui des harcèlements institutionnels qui m’ont accompagnée depuis mes débuts de syndicaliste, jusqu’à mon licenciement par le DIP (Département de l’instruction publique genevois) le 30 septembre 2022.

     

    BLABLA DES MÉDIAS

    25 & 26 juin 2022 (sur mon licenciement)

    31 mars & 2 avril 2023 (sur mon 1er recours rejeté)

    3 janvier 2024 (sur mon recours au Tribunal fédéral rejeté)