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Abattage d'un arbreFin de partie pour le cèdre de la Servette

Peu après 11h, le cèdre s'est effondré d'un bloc dans un grand craquement. Plusieurs personnes avaient les larmes aux yeux.

«C’est une horreur!» «Quelle honte!» L’émotion est vive en ce vendredi matin, peu après 11h, lorsque le cèdre centenaire de la Servette tombe sous les coups de tronçonneuse, à la rue du Colombier. Parmi la vingtaine de personnes venues assister impuissantes à cet abattage qui fait polémique, plusieurs ont les larmes aux yeux.

Certains filment avec leur smartphone, d’autres prennent des bouts de branchages tombés au sol. «C’est pour essayer de faire des boutures», confie une riveraine. Qui sait? Le cèdre pourrait ainsi renaître de ses copeaux. Peu avant sa chute spectaculaire, une petite fille demande à sa grand-mère, qui lui explique ce qui est en train de se passer: «Il va aller au ciel?» La gamine a même apporté sa baguette magique pour sauver le conifère condamné.

Hallali dès l’aube

L’hallali a sonné à l’aube. Alertés par le bouche à oreille, les opposants arrivent sur place dès 8h. Le tronçonnage de cet arbre - lié à la construction d’un immeuble en lieu et place de plusieurs villas - aura lieu dans la matinée. Des habitants du quartier, des voisins directs du chantier, se sont mobilisés, mais aussi des personnes venues de plus loin. Quelques-uns lisent, incrédules, l’autorisation officielle d’abattage qui est affichée sur un mur.

Face à eux, deux agents de sécurité privée leur demandent de ne pas se tenir sur la chaussée pour regarder à travers les palissades de chantier, et de rester sur le trottoir opposé. A un moment, le ton monte entre le député MCG Daniel Sormanni, venu en soutien, et les Securitas. Ces derniers appellent la police en renfort.

«En 2023, on doit savoir construire en tenant compte d’un arbre séculaire situé en bordure de parcelle.»

Myriam, riveraine
En début de matinée, les cordistes préparent l'arbre en vue de son abattage.

Fer de lance de la résistance des riverains, Myriam est révoltée par ce qui est en train de se passer sous ses yeux rougis par les larmes: «En 2023, on doit savoir construire en tenant compte d’un arbre séculaire situé en bordure de parcelle.» Pour elle, la villa «heimatstil» occupant le terrain où se trouve le cèdre aurait dû être classée. «Je trouve aberrant qu’on ne puisse pas revoir un plan localisé de quartier datant de trente ans.»

Un homme raconte avoir parlé à un bûcheron, qui lui a expliqué que l’arbre était de toute manière malade, rongé par des champignons. «Fake news!» tranche une dame, sûre d’elle.

Les Verts critiqués

Les Verts, en charge de l’Aménagement et de l’Environnement, tant à la Ville qu’au Canton, en prennent pour leur grade. «En tout cas, je ne voterai plus jamais pour eux. Regardez ce qu’ils font!», s’énerve une femme. Daniel Sormanni renchérit: «Les Verts sont toujours là pour dégrapper des places de parking et mettre quelques herbettes, mais ils laissent abattre des arbres centenaires.» Une autre spectatrice nuance: «Cela n’a rien à voir avec les Verts. Les autres partis n’auraient pas fait mieux.»

Des badauds ramassent des branches du cèdre centenaire pour essayer d'en faire des boutures.

«Je rappelle que le cèdre se trouve sur un terrain privé, sur lequel la Ville n’a pas de marge de manœuvre, réagit le maire de Genève, Alfonso Gomez. J’ai rencontré les associations mobilisées et le représentant des promoteurs, mais celui-ci n’a pas montré d’ouverture pour une révision du projet.»

Le magistrat en appelle à une révision urgente de la législation, afin de protéger le patrimoine arboré au même titre que le patrimoine bâti, et de faire en sorte que les intérêts des promoteurs ne passent pas avant la protection de l'environnement. «Au niveau cantonal, il faudrait aussi une plus grande souplesse en matière d’évolution des PLQ, afin de ne plus se retrouver contraint par des projets d’il y a 30 ans, en contradiction avec les défis actuels.»

Quand la tronçonneuse se met à rugir, une jeune femme hurle: «Réveillez-vous! Ça commence par ça, et après on vous prend tout! Non à la ségrégation, non au bétonnage!» En face, occupant chaque fenêtre d’une des villas en cours de démolition, les ouvriers ont tous leur smartphone à la main pour immortaliser la scène.

Tout d’un coup, les branchages du vénérable cèdre se mettent à trembler. Moins d’une minute plus tard, il s’effondre d’un bloc dans un grand craquement (voir vidéo ci-dessous). Une de ses branches écrase même la palissade de chantier.

Cris de joie et insultes

Les ouvriers font entendre ce qui ressemble à des cris de joie. En face, les insultes fusent à leur encontre. L’espace laissé vide par l’arbre abattu semble soudain énorme. «Cela change complètement la perspective de la rue», constate un voisin. Un autre se dit scandalisé: «C’était la seule chose de belle dans cette rue. Quel exemple donne-t-on à nos enfants?»

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